Et si on échangeait ? (Comme disait la jeune fille le soir de ses noces)

Mag 74
Couverture du magazine UltraFondus 74

Article publié dans UltraFondus magazine numéro 74 (Novembre 2010). Pour avoir le beau papier, la jolie mise en page et tous les autres articles (grand dossier "L'ultra : un sport de vieux ?") il faut l'acheter.


Je suis mariée à un homme qui va loin. Que ce soit en informatique (des dizaines de milliers de lignes de code écrites) ou en sport. Il y a des années, quand nous avons découvert le Grand Raid de La Réunion au travers d'un documentaire télévisé, il a pris la décision de courir loin. Depuis les épreuves se sont enchaînées. J'ai accompagné ses projets autant que je le pouvais. Je l'ai encouragé au cours de trails, je l'ai applaudi le long de circuits de triathlons. J'ai aussi parcouru avec lui, à vélo, les 100 km de Belvès en 2008 . J'ai assuré sa logistique lors d'une sortie de 250 km fin 2009 . J'ai vécu à ses côtés nombre de longues courses. Il était temps que je les vive à pied.

J'ai pris ma décision en 2008, à 35 ans : je courrais un 100 km avant mes 40 ans. Je connaîtrais moi aussi l'expérience de la longue distance. J'avais déjà couru un trail découverte de 12 km, quatre mois après la naissance de ma première fille et une course de 10 km six mois après la deuxième. Mais à la troisième, je n'avais pas réussi à reprendre la course. Elle avait un an quand je pris ma décision. Elle en avait tout juste deux quand j'ai couru mon premier semi-marathon. Je comptais bien enchaîner l'année suivante avec un marathon, puis la troisième avec un 100 km. Et les deux années de rab avant mes 40 ans pour redoubler si nécessaire.

Je me suis inscrite au club de mon travail, l'OM, pour Objectif Marathon, pour la saison 2010. Et au printemps, j'ai couru le marathon de Paris . Tout simplement jusqu'au bout. Objectif 2010 atteint. Mais volià, Christian aime les longues distances, toutes sortes de longues distances. A vélo, par exemple. 1200 km, une course mythique ; qui pourrait résister à Paris-Brest-Paris ? Lui pense que c'est une aventure qu'on pourrait vivre en couple. Et le Paris-Brest-Paris, c'est tous les quatre ans, et c'est en août 2011. Me voilà refaite pour Millau en 2011. Du coup, mes 100 km, il fallait prévoir de les faire en 2012... ou en 2010.

C'est ainsi que le 26 Septembre 2010, Christian et moi avons échangé nos rôles. C'est de la course de longue endurance, c'est pareil. Mais c'est moi qui cours, c'est différent.

C'est différent - l'entraînement

Christian, quand il lève le pied en entraînement, ne court qu'une heure chaque midi. Moi, les semaines les plus chargées, je totalise jusqu'à 7 heures. Je cours le midi au travail, je cours parfois le soir, j'essaie de sortir une fois le week-end. Mais j'ai trois fillettes, je ne les vois pas assez. Je n'aime pas me lever à l'aurore le dimanche pour une expédition m'éloignant de mon petit-déjeuner en me faisant longer des boulangeries odorantes.

Pour faire une sortie longue, Christian part le soir. Il court plusieurs heures, dort plusieurs dizaines de minutes et repart pour la journée suivante. Pour pouvoir réaliser plusieurs sorties de plus d'une heure dans la semaine, j'ai tenté de courir le mercredi soir. La première fois, à 22h, je me suis faite aborder par un homme qui m'a rapidement sauté dessus pour me tripoter. J'ai crié, ça l’a surpris. J'ai accéléré, il ne m'a pas rattrapée. Le mercredi suivant, j'ai changé de parcours.

C'est mieux comme ça. Je n'aurais pas pu courir une nuit presque entière. La nuit, moi, je dors.

 

C'est pareil - les références

Viaduc de Millau
Le fameux viaduc... et sa piètre copie à la station service.

Comment se préparer à un 100 km quand on est débutante ? En suivant les conseils avisés des experts.
Comment se préparer à un 100 km quand on a de la bouteille ? En suivant les conseils avisés des experts.

Christian a lu de nombreux ouvrages de course à pied. J'en ai lu moins. Mais notre référence principale est la même : "Bien-être et jogging" de Serge Cottereau. Cottereau n'invente rien mais rassemble des conseils avisés en cohérence. Je souhaitais une vie équilibrée, intégrant la pratique de la course à pied et la possibilité d'aller loin. J'ai trouvé un cadre clair. J'ai adapté un plan d'entraînement de Serge Cottereau comme Christian en a adapté un aussi. Nous n'avons simplement pas pris le même.

Je sais que certains imaginent qu'avec un mari coureur, pas besoin de conseils extérieurs. C'est tout le contraire, je ne tiens pas à ce que Christian me construise des programmes d'entraînement ou me coache. Un mari coureur, c'est une mine d'expériences, pas un entraîneur. Je l'ai suivi, je l'ai admiré. Je suis venue à la course à pied. Nous pouvons échanger nos points de vue, partager nos expériences. Évitons donc de nous positionner dans les rôles d'instructeur et d'élève. Cottereau est parfait pour me donner des conseils.

C'est différent - nos mensurations

Christian, c'est un sportif, ça se voit. Oh, ce n'est pas le plus filiforme des coureurs. Il a des cuisses de cycliste et travaille aussi ses bras de nageur pour le triathlon. Ce n'est pas non plus systématiquement lui le gagnant aux concours de pince à gras avec les copains. Mais ça ne demande aucun effort d'imagination de penser "sport" en le regardant.

De mon côté, j'ai des mensurations qui rappellent plutôt la mère. Des rondeurs dans les hanches, qui font de cette zone un nid douillet pour fœtus. Une poitrine qui fut remplie de lait. Des kilos de tendresse pour mes trois filles. Bien sûr, on peut ne pas s'arrêter aux apparences premières. Nous avons rencontré d’autres coureurs dans notre hôtel de Millau. L'un d’eux nous demanda : "Lequel de vous deux court demain ?" Pendant un instant j'y crus : cet homme n'avait aucun a priori. Christian eut un grand sourire en répondant "C'est elle." Les yeux de l'homme sortirent de ses orbites. La question de pure politesse se transformait en abîme de perplexité.

C'est pareil - le stress

Nous sommes différents avant un événement important. Christian tourne et retourne les pensées comme les objets autour de lui. Avant une course il prépare son sac, le vide, recompte ses chaussettes et ses paquets de cacahuètes. Il jure de se coucher tôt et prolonge encore la soirée en "vérifiant une dernière fois". Quant à moi je prépare mes affaires en avance, je mets tout dans ma poche, un mouchoir par dessus et je ne veux plus en entendre parler.

Malgré ce changement de rôles, c'est pareil. J'avais préparé mes vêtements et ne voulais plus y penser. Avant de prendre la route, Christian me demanda s'il avait bien pensé à toutes les denrées qui pourraient me convenir en course. Oh oui, certainement ! Deux jours après la course, j'ai découvert le paquet de bonbons que je m’étais acheté spécialement pour Millau, et qui était tranquillement resté dans la cuisine pendant notre périple.

Le soir avant la course, je découvris tranquillement que j'avais pris mes chaussettes de ville pour des chaussettes de course à pied. Christian me prêta des chaussettes adaptées. Puis je me couchai et le regardai emballer, déballer et réarranger le ravitaillement et les vêtements de rechange. Il était tout à fait comme à la veille de chaque course. Et moi aussi. J'ai plutôt mal dormi.

C'est différent - la nourriture

Nous sommes d'accord, il faut manger pendant une course de longue haleine. Notre premier point de désaccord sur le sujet concerne les bananes. Christian considère la banane comme la base de l’alimentation en course. Le mieux serait d'ailleurs de manger les bananes avec leur peau. Moi je n'aime pas les bananes. J'irais même jusqu'à dire que je préfère manger des quartiers d'orange. Mais je n'ose pas, Christian trouve cela acide en course. Pourtant, Christian a l'estomac solide. Il a entraîné ses organes de digestion comme ses muscles, pour les rendre performants dans les situations extrêmes.

Christian mange de tout. Je n’ai presque rien mangé. Je n’avais rien préparé, je pensais que je mangerais ce qu’il y aurait. Je n’avais envie de rien. Christian m'a proposé toutes sortes de denrées. Il avait les ressources inépuisables d’un épicier de quartier, ouvert jusqu’à minuit et même après. Je mangeais en prévision de la distance restant à parcourir. Puis je me suis sentie tellement en forme après midi que j’accélérais très légèrement l’allure. Oh, rien du tout, moins de dix pulsations de plus d’après mon cardiofréquencemètre. Mais une heure plus tard, rien ne passait plus dans mon tube digestif. Toute nourriture restait coincée dans ma gorge. Je haïssais les morceaux. J’attendis la soupe avec impatience, ainsi que les tartines de roquefort. Ce sont les deux seuls aliments qui surent me remettre d’aplomb.

Heureusement, Christian a bien mangé, comme sur ses courses. Cela aurait été dommage de ramener à la maison tous les mets qu’il avait prévus dans son panier magique.

C'est pareil - un accompagnateur quatre étoiles

Les accompagnateurs vélo
Point de rencontre accompagnateurs - coureurs. Les vélos arrivent. Les coureurs arriveront ensuite.

J'ai vu différentes sortes d'accompagnateurs vélo. Il y a ceux qui sont là pour tenir compagnie à un coureur, ceux qui font découvrir l'ambiance de la course à leurs enfants. Il y a ceux qui ne sont pas sûrs de réussir à parcourir les cent kilomètres à vélo et ceux qui préfèrent faire une pause et rejoindre le coureur plus tard. Beaucoup voient principalement dans leur fonction le rôle du support moral, d'autres sont avant tout les porteurs du matériel de rechange.

Et puis il y a les accompagnateurs de luxe. Ceux-là ont décidé d'être auprès de leur coureur à chaque instant de la course. Ils lui permettront de se nourrir sans s'arrêter ni même ralentir, ils lui tendront vêtements et accessoires en adaptant précisément leur vitesse à celle du coureur. Ils l'informeront également de sa progression et des prochaines étapes à venir. Ils sauront à tout moment comment le coureur est situé par rapport à son plan de course. Ils optimiseront avec lui sa stratégie de course. Ils seront à l'arrivée l'un des rouages de la victoire du coureur.

J'ai fait des erreurs en assistant Christian sur des courses. Je n'ai pas compris certaines demandes (il voulait de la Nok et je lui ai tendu une documentation, une doc quoi), j'ai oublié du matériel (mon téléphone portable sans batterie lors d'une rando-course en solo avec des rendez-vous imprécis.) Mais je me suis donné des exigences fortes. Christian s’était donné comme objectif de m’offrir le niveau de prestation que je lui avais fourni.

Grâce à lui je n’eus jamais besoin de m’arrêter à un ravitaillement. Grâce à lui j'ai toujours su combien de kilomètres me séparaient de mon objectif réel de chaque instant : la prochaine fois que je marcherais. Grâce à lui je n’oubliais pas de boire. Grâce à lui j'ai réussi une superbe course en un temps inespéré.

C'est différent - la douleur

Quand Christian me dit qu’il a mal, je l’écoute et tente de ne pas l’entraîner dans la démotivation. Quand j’ai mal, là c’est réellement douloureux ! On peut être empathique, quand l’autre souffre, ça fait toujours moins mal. Ma voute plantaire a commencé à m’élancer rapidement. Les décharges électriques se succédaient. Mon pied devenait brûlure quand je ralentissais pour marcher. Mais mon plan était précis et devait être appliqué avec rigueur. J’avais décidé de courir régulièrement et de marcher cinq minutes exactement après chaque poste de ravitaillement, ainsi que dans les côtes importantes. Je marchais, le plus droit possible, pour qu’une position antalgique ne déplace pas la douleur vers une zone plus problématique.

J’avais informé Christian, bien sûr. Mais lui n’avait pas mal. Il ne me voyait pas boiter. Il oublia un moment ma douleur. C’est quand même mon luxueux accompagnateur qui me proposa la solution miracle, après 45 km de souffrances. Il transportait mes chaussures de rechange ! Je préférais tout de même attendre, pour ne pas sombrer dans le confort. Dix kilomètres plus loin, à Tiergues, j’enfilais les autres chaussures. La douleur ne s’enfuit pas, mais elle arrêta d’enfler.

C'est pareil - pas d'abandon

J’ai eu mal et j’ai avancé. Je participais à cette course avec l’objectif premier d’en venir à bout. Christian aime le dire : il n’est pas toujours allé aussi vite qu’il l’aurait voulu, mais il n’a jamais abandonné en vingt ans de pratique. Je ne savais pas si j’aurais sa force de caractère. Pourtant, à l’issue de la boucle du marathon, je regardai la pancarte « abandon » avec un certain mépris pour sa couleur marron et son manque de noblesse. Laisser mon dossard là ? Quelle idée étrange ! Je passais mon chemin.

A partir de ma deuxième sortie de Millau, je vis plusieurs fois le car des abandons. Je me souviens du Spartathlon en 2008. J’attendais à un ravitaillement quand Emmanuel Conraux arriva. Un énorme car vint chercher un blessé. La crainte se lut immédiatement dans le regard d’Emmanuel : la barrière horaire était-elle donc si proche ? J’essayai de le rassurer, il préféra s’éloigner rapidement de cet oiseau de mauvais augure.

Je compris ses sentiments quand je vis moi-même un tel car. Je refusais de passer près de ce ramasseur d’éclopés, et le contournais à bonne distance. Je n’eus jamais envie d’aller m’y assoir, de m’y réchauffer. Je souhaitais juste m’éloigner de cette sale bête.

C'est différent - la durée

Nuit
J'ai terminé de nuit. J'ai même vu mon carrosse se transformer en citrouille. 12 minutes avant l'arrivée.

Accompagner Christian sur cent kilomètres, c’est une petite dizaine d’heures de selle. Je savais que le temps serait plus long en échangeant nos rôles. Pour me préparer, j’avais accompagné au printemps un coureur moins rapide, Vivien Ramon , aux 100 km de Steenwerck. La course avait duré toute la nuit, je m’étais endormie sur le vélo.

Je n’avais aucune idée de la durée qui serait nécessaire pour rejoindre l’arrivée. Ayant parcouru mon marathon en 4h33, je pouvais, d’après les abaques, prévoir une course d’une quinzaine d’heures ou plus. Je pouvais également m’écrouler totalement sur la longue distance, et le temps limite large des 100km de Millau me rassurait. Christian saurait me soutenir pendant une nuit blanche. Saurais-je encore avancer quand la fatigue m’envahirait ?

J’ai préparé un plan de course et je l’ai largement devancé (Valérie termine en 14h12 à la 897ème place, Ndlr). Je fais partie des cent-bornards arrivés de nuit, mais il s’en fallut de peu que je fasse partie des cent-bornards arrivés le samedi. Christian aime la course de nuit. C’est grâce à moi qu’il a vécu son premier 100km en partie nocturne.

C'est pareil - le plaisir de partager

Il y a ceux qui pensent qu’être accompagnateur sur une course demande beaucoup d’abnégation et de courage. Il y a ceux qui pensent qu’il faut laisser les coureurs se débrouiller avec leurs lubies. Je fais partie de ceux qui pensent qu’accompagner un coureur est avant tout une belle opportunité de partager avec lui une aventure, de vivre en partie sa course et de se forger des souvenirs communs. Christian ne connaissait pas cette facette de la course à pied. Il m’a emmené vers les terres de la course de longue endurance. Je l’ai amené à tester le vélo à 8 km/h, des heures durant, avec panier de victuailles, sac à dos, grosse doudoune et arrêts fréquents.

Comme à Belvès en 2008, quand il courait, nous avons parcouru cent kilomètres ensemble. A l’arrivée, l’un est plus fatigué que l’autre. Mais la joie de l’avoir fait est partagée équitablement. Quand nous sommes entrés dans la salle des fêtes de Millau, le photographe de la course a immortalisé cet instant. Je regarde le podium, Christian me regarde, nous sommes heureux.


Le point de vue de Christian

Sens dessus dessous

C'est donc en septembre 2010 que Valérie a fait son premier 100km, à Millau. Une fois n'est pas coutume, c'est elle qui courait et moi je jouais le second rôle, ou plutôt, le rôle de second, sur un vélo. J'ai découvert un tas de choses, j'ai passé un super week-end. Elle aussi je pense. Bon, bref, sans plus tarder, voici quelques enseignements que j'ai retenus de cette expérience.

Départ
Une petite photo de couple avant de prendre le départ.

Leçon 1 : le jaune fluo, c'est super, le vert pâle, c'est nul

Trouver son coureur (ou sa coureuse) à Millau demande des yeux d'aigle, la patience d'un photographe spécialisé dans le documentaire animalier, de la chance, et une bonne paire de cuisses. Combien de fois me suis-je posé la question « est-elle derrière ou devant? »... À la fin, j'avais le truc, je notais bien l'heure à laquelle je m'arrêtais au ravitaillement. Ensuite, je pouvais savoir jusqu'où elle ne pouvait pas être. Par exemple, si j'étais resté arrêté 7 minutes, elle ne pouvait pas avoir parcouru plus de 1100 mètres. En pédalant vite et en regardant bien, on arrive à ne plus avoir de doutes. Mais attention, les 42 premiers kilomètres, très denses en coureurs, et les derniers, très sombres surtout lorsqu'on a donné sa lampe à ladite coureuse, peuvent révéler des surprises!

J'ai beaucoup apprécié lorsque Valérie arborait un débardeur jaune canard. En revanche le maillot manches longues tout en pastel, d'un vert pâle discret, c'est inefficace. Du fluo sinon rien.

Leçon 2 : poser les bonnes questions

Dialogue type :

- Il faudrait boire un peu, tu vas te déhsydrater. Un peu d'eau?
- Mmgrblmblmmgrmm.
- Du coca alors?
- Mgrblmmmchnon.
- Oh la la, y'a rien qui passe... Tu peux rien boire, c'est complètement bloqué, t'es sûre, même pas un petit essai?
(silence, et hochement tête semblant dire « oui d'accord »)

Et alors je fais quoi? La question était mal posée. Je ne sais pas si elle a répondu « oui c'est complètement bloqué » ou « oui je veux bien faire un essai ». Je n'ai plus qu'à reposer ma question, au risque de l'agacer. Et pourtant, je le sais, que quand on est dans le dur, on a autre chose à faire que de répondre à l'autre, là, qui jacasse sur son vélo.

Leçon « 2 bis » : parle plus fort J'AI UNE BANANE DANS L'OREILLE!

Je le saurais pour la prochaine fois. Le coureur doit parler de manière audible. L'accompagnateur n'a pas le don de deviner ses pensées à partir de murmures discrets.

Leçon 3 : le matériel, ça change tout

Bien vu : le panier devant, c'est vraiment la super idée, idéal pour piocher dedans tout en roulant.

Mal pensé : pas de béquille sur mon vélo, le panier se vide lorsque je pose mon clou par terre, ce qui est inévitable si je veux me garer suffisamment près du ravito.

Inattendu : mon compteur kilométrique qui décide de multiplier la vitesse par deux lorsque celle-ci tombe en dessous de 15km/h. Je ne lui connaissais pas ce défaut. Exaspérant.

Si c'était à refaire : sans hésiter, je visse des portes bidons autour du panier (ou de la caisse), ce qui permet de transporter jusqu'à 4 bidons en position verticale, à portée de main, et en laissant toute la place disponible pour « le reste ».

Leçon 4 : aucune marge

Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer. Il y a toujours quelque chose à faire, et quand je veux me changer et réorganiser un peu le panier et le sac-à-dos pour mieux retrouver mes affaires, il faut que je prévienne, planifie l'arrêt, et que je me dépêche! On n'imagine pas combien de temps on perd à un ravitaillement tant qu'on n'a pas été accompagnateur. Exemple:

  • s'arrêter;
  • poser le vélo;
  • marcher jusqu'à la table;
  • prendre à la volée deux petites tartines;
  • demander une soupe;
  • remplir le bidon d'eau en attendant;
  • récupérer la soupe;
  • échanger un sourire avec les bénévoles;
  • se retourner pour voir si par hasard il n'y aurait pas du café?
  • retourner au vélo;
  • l'enfourcher;
  • essayer de caler le verre de soupe dans le panier;
  • repartir;
  • s'arrêter et prendre le verre de soupe entre les dents, ça déborde sinon...

repartir pour de bon!

Total: 5 *grosses* minutes.

Pendant ce temps, elle a fait 800 mètres. Le temps que je la rattrape, elle a dépassé le kilomètre. À ce tarif, si je m'étais arrêté à chaque ravito, j'aurais été absent 20% du temps.

Leçon 5 : frustré moi? Jamais!

Je n'ai jamais regretté de ne pas courir ce 100km. J'étais moi aussi dans la course. Différemment, mais dans la course tout de même. Et très fier de voir Valérie négocier superbement son retour depuis Saint-Affrique. Au fond, la position désagréable, ce n'est pas d'être sur le vélo, en plein parcours, à contempler le viaduc sous toutes ses coutures. C'est d'être à Paris, chez soi, condamné à suivre la course sur Internet...

La prochaine fois que vous voyez une offre du type « cherche accompagnateur 100km », foncez! Réfléchissez après.

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Copyright © 2012 Valérie Mauduit. Document placé sous licence GNU FDL.
Mis à jour le vendredi 22 juin 2012.